La révolution du roman de Proust suit la courbe de cet art essentiellement visuel jusqu'au début des années vingt. Le romancier prend conscience d'un objet nouveau dont il redoute l'affiche : la vie reproduite telle quelle à l'écran. Ce faisant, il flaire un piège que des cinéastes après lui vont vouloir contourner afin de dégager justement tout le potentiel d'un art cinématographique. S'il est vrai que Proust n'a pas été au rendez-vous du septième art, par un tour paradoxal, c'est son œuvre elle-même qui a scellé l'improbable rencontre.